En 2017, l’association Afreecan organise une rencontre entre le GIE (Groupement d’Intérêt Économique) Fass Diom et Mediaquart. Après plusieurs échanges et visites à Tienaba (à 2h de Dakar), le projet COUCOU voit le jour. Son objectif – mécaniser l’unité de transformation de noix de cajou et développer l’autonomie financière du GIE. Un projet ambitieux et innovant dans un pays où moins de 5% de la production est transformée localement.
L’équipe va faire face à de nombreux retards et devoir plusieurs fois repenser les activités afin de s’adapter au contexte et difficultés rencontrées. Mais grâce à la motivation et l’implication de tous, le projet a enfin pu être lancé en 2021, avec l’arrivée des premières machines et le démarrage des formations ! Une nouvelle étape importante dans l’histoire de ce GIE, créé il y a 20 ans par des femmes courageuses et déterminées, dont une certaine Madame Louty Sow, qui occupe actuellement la fonction de Présidente.
Originaire de Tienaba, Madame Sow quitte l’école en CM1 et commence à travailler dès l’âge de 11 ans. Mariée à 14 ans, elle réalise vite qu’entre les co-épouses et les nombreux enfants, son mari n’arrive pas à assumer seul tous les coûts du quotidien et les frais de scolarité. Alors, pour soutenir sa famille, Madame Sow part dans les champs voisins pour cueillir des fruits et des noix de cajou, qu’elle transforme avant de les vendre.
Ce travail est long et pénible, surtout lorsqu’on est seule. Mais, en regardant autour d’elle, Madame Sow réalise qu’elles sont nombreuses à être dans sa situation. Elle propose alors aux autres femmes de mutualiser leurs efforts pour alléger leurs charges et de se relayer pour les ventes afin d’aller jusqu’à Thiès et Dakar pour pouvoir vendre plus. Très rapidement, cette nouvelle organisation porte ses fruits et arrive jusqu’aux oreilles du préfet de la région !
Pleines d’idées, les femmes mettent en place un système de cotisation (250 FCFA soit 0,38 euros par personne), qui va dans un premier temps servir à acheter de plus grande quantité auprès des fournisseurs, et même s’offrir de la publicité dans le journal régional, afin de mieux se faire connaître ! Elles restent toutefois limitées par leurs ressources et leur niveau de connaissance (Madame Sow est alors la seule instruite du groupe et doit gérer seule toutes les écritures et le suivi des dépenses). Afin de bénéficier d’aides et d’accompagnement, Madame Sow suit une formation pour formaliser leur activité, et, en 2002, créé le GIE Fass Diom, avec 2 autres mamans du groupe.
Avec Fass Diom, qui signifie « s’armer de courage », le trio souhaitent offrir à toute femme qui le souhaite la possibilité d’accéder à l’autonomie par le travail commun et dans la dignité. Un objectif fort renforcé par la seule règle d’entrée dans le GIE, faire partie d’un des groupements existants ou en constituer, preuve de son sérieux et de son engagement. Une recette qui fonctionne, car de 55 membres, réparties en 5 groupements en 2002, Fass Diom est passé à 674 membres et 16 groupements aujourd’hui !
En plus de donner un travail à un nombre grandissant de femmes, les activités du GIE ont des répercussions positives sur les populations locales. Bénéficiant de la renommée de la noix de cajou “made in” Tienaba, 80% des ménages des environs ont commencé leur propre exploitation d’anacardes ! De plus, souhaitant, plus que jamais, encourager l’accès à l’éducation et l’autonomisation des femmes, le GIE participe à des campagnes de sensibilisation et soutient le financement de frais de scolarité. Madame Sow espère ainsi que, prochainement, la nouvelle génération pourra venir la soulager et prendre le relai pour continuer la belle aventure de Fass Diom !