Dans le cadre d’Ecolyco, projet d’éducation écologique dans les collèges et lycées de Bambey (Sénégal), Elsa Rimasson passe 9 mois sur place aux côtés des établissements scolaires, en tant que volontaire Mediaquart’. À travers une série d’articles, elle nous partage les sujets qui la marquent dans son quotidien avec les élèves et habitants de Bambey.
“L’eau est le sang de la terre, le support de toute vie” écrivait le garde forestier et naturaliste Schauberger.
Dans la région de Bambey, comme sur une grande partie du territoire sénégalais, l’eau peut se faire rare pendant des périodes plus ou moins longues, ce qui impacte les cultures et le quotidien de tous. Les écoles n’échappent pas à ce problème qui perturbe parfois les activités et le bien-être sur place. C’est donc tout naturellement que les élèves ont abordé ce sujet préoccupant lors de leurs premières formations en agroécologie.
Tout commence par un constat : depuis plusieurs années, la saison des pluies dure moins longtemps et est plus intense. Les élèves se souviennent que tout petit, cette saison s’étendait de juillet à octobre, apportant un réconfort bienvenu aux plantes, arbres et agriculteurs. Or, depuis quelques années, la saison est réduite à 2-3 mois, ce qui est court pour permettre à la terre de bien préparer les réserves pour l’année.
De plus, les pluies ont gagné en intensité, ce qui représente un risque élevé de destruction des cultures. Ainsi, lors de leur travail aux champs avec leurs parents, nos cultivateurs en herbe ont constaté une diminution des récoltes.
Par ailleurs, une pluviométrie importante sur une durée limitée entraîne une saturation des sols, empêchant l’eau d’y pénétrer en profondeur, et donc d’alimenter les nappes phréatiques. Elles auraient pourtant bien besoin de constituer des réserves en prévision de la période sèche. Faute de ça, les foyers, et les écoles, peuvent rester plusieurs heures, voire plusieurs journées, sans accès à cette ressource vitale.
Dans la région de Bambey, une seconde problématique est à soulever : la qualité de l’eau. Bien que potable, l’eau comporte de nombreux micropolluants qui peuvent s’avérer dangereux pour la consommation et l’arrosage des fruits et légumes. La prudence est de mise !
Autre compagnon indésirable, le calcaire. Les membres Ecolyco ont tristement remarqué qu’il abîme considérablement les plantations de leur jardin potager. Mais ne perdons pas espoir, des solutions ont été trouvées au sein des clubs Ecolyco. Les professeurs et élèves laissent reposer l’eau dans un baril toute une nuit avant de l’utiliser, pour que les microparticules se reposent au fond. Le matin, il faut procéder avec délicatesse pour éviter un nouveau mélange. Un arrosage avec une eau propre et saine est alors possible.
Notre partenaire Irrigasc propose également une solution ingénieuse : utiliser des gaines pour les arbres. Une petite révolution pour nos jeunes pousses. En effet, cela permet d’utiliser 10 à 20 fois moins d’eau pour faire pousser de solides manguiers et anacardiers. En plus d’apporter de l’ombre à la cour, ceux-ci produiront des fruits pouvant nourrir les élèves et apporter une source de revenus précieuse pour l’école.
Enfin, afin d’éviter une évaporation de l’eau sous les rayons du soleil, il est préférable d’arroser lors des moments plus frais. Matin et soir, les membres d’Ecolyco s’activent pour nourrir efficacement les plantations.
Dynamiques, curieux et motivés, les élèves comme les enseignants agissent pour protéger durablement leur environnement et leurs ressources. Un bel exemple d’engagement, vert l’avenir et l’eau delà !