Le lancement de Sport&Change dans l’école Mansour Ba nous permet de découvrir, petit à petit, le riche réseau d’entrepreneurs hors système de Kaolack. Parmi ces nouvelles rencontres, nous avons fait la connaissance d’Ousmane Thioune, l’inspirant Président de l’association Saloum Rapatak.
À l’origine du projet, 20 personnes, principalement issus du milieu artistique ou journalistique, qui se rencontrent au gré des événements culturels de Kaolack. Leurs échanges leur font réaliser un triste point commun : à l’instar de nombreux habitants de la région, ils connaissent tous des histoires de proches, ayant décidé de partir et dont on n’a plus de nouvelles, laissant présager le pire. Marqués par la détresse et les répercussions qu’engendre l’immigration clandestine, ils souhaitent agir.
Ils remarquent d’abord que les candidats au départ sont souvent des jeunes isolés. Privés d’opportunités professionnelles, de structure d’accueil et de vie culturelle, ces derniers partent chercher ailleurs un avenir plus radieux, quel qu’en soit le coût. Ils décident alors de créer leur association dont l’objet sera de promouvoir l’émancipation sociale et le rôle socio-économique et culturel de chacun. Parce que pour rester et s’investir, il faut pouvoir croire en son pays. C’est ainsi qu’en septembre 2010, ils lancent Saloum Rapatak. « Saloum », pour l’ancien nom de la région de Kaolack. « Rapatak » en référence aux battles, compétitions libres de danse ou de chants, au cours desquels les membres de l’équipe se sont rencontrés.
Le premier volet consiste à sensibiliser et à lutter contre la désinformation sur l’immigration. Pour diffuser au maximum son message, l’association a recours à différents canaux et s’adapte à sa cible. Ainsi ils organisent aussi bien des concerts que des forums, et participent à des émissions de radio. Enfin, ils se déplacent sur le terrain, là où les habitants ont le moins accès à l’information. Et pour renforcer leur message, ils s’appuient sur les témoignages de rescapés, revenus au pays après avoir connu l’enfer. Le second volet se concentre sur l’amélioration des conditions de vie et du bien-être. Ainsi, Saloum Rapatak intervient pour offrir un meilleur accès à l’éducation, proposer des formations ciblées (agriculture, audiovisuel, infographie principalement) et faire bénéficier de services de santé et d’entre-aide.
Pour financer toutes ses activités, l’association a su nouer des partenariats solides avec des bailleurs et les autorités locales. Elle génère également ses propres revenus, via la cotisation de ses membres et l’organisation de concerts. Ces concerts ont d’ailleurs abouti à la création du Festival International pour l’Éveil des Consciences. L’objectif est de réunir des initiatives séparées en un événement majeur, de 30 jours, pour toucher un plus grand public. Au programme, performances artistiques, ateliers de sensibilisation, formations et moment d’échanges. Cette 2ème édition, qui aura lieu décembre à Kaolack, mettre en avant la thématique du développement durable.
De 20 membres, ils sont devenus plus de 200, au Sénégal et partout dans le monde. Un courageux projet qui, souhaitons-le, continuera à faire durablement et visiblement changer les mentalités. Et auquel nous espérons bientôt pouvoir nous associer, on vous en dit plus prochainement !