Promesse de campagne, devenue un de ses 3 programmes sectoriels phares, le Président Macky Sall vise un « Sénégal zéro déchet » d’ici 10 ans. Un beau défi quand on connaît le niveau de pollution des villes et villages à travers le pays.
Jeudi dernier, le jour du lancement officiel du programme Zéro Déchet (mais aussi au lendemain de la Tabaski dont les restes auraient fortement encombrés les rues), le Président a réitéré tout son engagement et exhorté son gouvernement a passé en mode « fast-track ». Or, si le programme évoque bien l’importance de « produire moins de déchets solides, et réutiliser la part utile de ces déchets résiduels », l’essentiel des directives concerne le nettoyage (renforcement des capacités du Service national d’hygiène, la journée propreté des villes une fois par mois) et la mise en place d’une gestion des déchets (réutilisation des composants, destruction industrielle des matières toxiques ou dangereuses). L’objectif répond à l’urgence de la situation mais ne concerne, malheureusement, que la partie émergée de l’iceberg. En effet, une politique Zéro Déchet ne doit pas s’arrêter à la propreté apparente des rues et à la valorisation des déchets, car à l’heure des décharges surencombrées, de l’épuisement des ressources et des bouleversements climatiques, l’urgence est à tous les niveaux!
Pour nous aider à mieux comprendre les enjeux et problématiques, rencontre avec Claire Stragier, consultante Zéro Déchet, basée à Dakar.
Qu’est-ce que le « zéro déchet » ?
Le concept du Zéro Déchet peut être résumé par la phrase : » le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas ». Afin de nous accompagner vers cet objectif ultime, des principes de base, sous le nom des 5R, ont été formalisés :
– Refuser les produits à usage unique (sachet plastique, pailles, publicités…)
– Réduire sa consommation de produits emballés, d’énergie, de vêtements…
– Réutiliser ce qui peut avoir une seconde vie (sac en tissu, contenants en verre, achats d’occasion…)
– Recycler ce qui ne peut pas être réduit ou réutilisé
– Composter (Rot en anglais) les déchets organiques pour crée un engrais riche pour nos plantes (lien article compost)
L’objectif de ces principes est avant tout d’ouvrir des pistes de réflexion sur nos modes de consommation et notre impact individuel et collectif . Sans culpabiliser, il s’agit de se responsabiliser et prendre conscience de son environnement.
État des lieux au Sénégal et initiatives
Statistiquement, le Sénégal n’occupe pas la pire place en terme de production de déchets par habitant (190kg/hab/an en 2014 contre 511 en France par exemple). Cependant, la production de déchets évolue en même temps que l’indice de développement. Ainsi, face à un « Sénégal émergent », il apparait indispensable d’anticiper la mise en place de mesures de réduction des déchets.
De plus, la situation est préoccupante au regard de la gestion des déchets. En effet, les mécanismes mis en place actuellement sont limités à la collecte, au transport et à l’élimination au niveau de décharges, or avec +175 hectares, la décharge de Mbeuss, située dans la région de Dakar, se voit déjà décerner le triste titre d’une des plus grandes décharges à ciel ouvert du monde. Ainsi, les déchets représentent une problématique visible et ont un impact sanitaire et environnemental importants. On peut citer, entre autre, la pollution des rues et celle toujours plus importante de l’océan, le rejet de particules toxiques lors de la combustion des déchets, dont la dioxine… Des programmes de recyclage ont récemment vu le jour, ce qui est encourageant, mais ne peut constituer l’unique réponse, le plastique n’étant pas recyclable indéfiniment, et ne concernant pas tous les types de plastiques. Il semble donc primordial de lier ses actions à des mesures effectives de réduction.
Face à ces constats, de nombreuses initiatives commencent à se développer sur le territoire afin de sensibiliser les populations et de les rendre acteurs de ce changement nécessaire. Ainsi Save Dakar joue un rôle actif, notamment avec son #trashchallenge et #cleanupchallenge, défi relevé par de nombreux quartiers à Dakar et en région pour nettoyer leurs rues, de même les associations comme Zéro Déchet Sénégal et Ecolibri rassemblent des bénévoles motivés qui conseillent, assistent et organisent des événements ciblés (plantation d’arbres, sensibilisation au plastique, workshop…). Il s’agit bien de trouver des nouveaux moyens de consommer et de créer des projets et entreprises qui proposent des alternatives locales et durables.
Par exemple, à Dakar, le restaurant Copacabana, situé sur la plage du virage, se jette à l’eau et s’engage à passer, à partir du 31 août, à une transition vers le Zéro déchet (choix des fournisseurs, disparition du plastique – bouteille d’eau, paille – et de l’aluminium, compost, recylage…)
Comment adopter des bonnes pratiques?
Chez soi, de simples gestes peuvent réellement faire la différence, comme par exemple :
– Utiliser des contenants réutilisables. Lorsque vous allez faire votre marché, prenez l’habitude d’avoir toujours sur vous un sac réutilisable et des petits sacs à vracs pour éviter le sac plastique et les petits sachets,
– Investir dans une gourde pour éviter d’acheter des bouteilles d’eau en plastique et installer des bonbonnes d’eau consignées ou un filtre à eau sur vos robinets
– Se débarrassez des multiples produits pour le ménage et les remplacer par le vinaigre blanc, avec des résultats tout aussi efficaces !
Pour en savoir plus, zerowastesenegal.org ou pour s’inspirer, buildgreen.fr
1 comment
J’apprécie les gestes simples que vous préconisez. Bravo!