Cet été, nos chers Cultiv’Acteurs ont passé une semaine dans l’écolieu Les Illuminés en Vendée. Entre découverte et apprentissage, éco-construction et cueillette, joies du camping et activités sportives, les jeunes sont sortis de “leurs sentiers battus” et ont été initié à un nouveau mode de vie, la débrouille écologique. Afin de s’approprier davantage la philosophie des “Illuminés”, nos jeunes reporters terrains ont enquêté sur les pratiques et techniques déployées sur l’écolieu!
1. L’expérience yourte
La yourte dans les yeux d’Ibrahima
Pour la petite histoire :
La yourte a été construite à la main par Emilie avec un maximum de matériaux gratuits, récupérés et recyclés :
- La bâche extérieure qui rend la yourte étanche a été fabriquée sur mesure et est neuve. En revanche, la toile intérieure a été cousue à partir de draps de récupération cousus ensemble. Entre les deux, il y a de la laine de mouton aiguilletée qui sert d’isolant.
- La structure est, quant à elle, constituée de cercles en bambou (avec un poteau en bois au milieu)
- Le dessous de la yourte est composé de pneus remplis de terre et recouverts par une bâche pour ne pas que l’eau remonte de la terre par capillarité.
- Le plancher est fait en 9 camemberts d’OSB (Oriented Strand Board, panneau à lamelle mince, matériau écologique pas cher) posés sur des bastaings de bois.
Lorsqu’il fait froid dans la yourte, le matin par exemple (6°C), Emilie et Franck peuvent utiliser le poêle (petit godin de 5kW) qu’ils ont installé dans la yourte mais ce dernier peut mettre 1 à 2 heures pour chauffer ! Ils se chauffent donc parfois à l’aide du four. Ils ont également installé un chauffe-eau au gaz et un frigo d’automne/hiver dans le sol.
2. Les toilettes sèches, la pédo-épuration, le compost : rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme !
Les toilettes sèches dans les yeux de Carole
Pour la petite histoire :
L’écolieu dispose de trois toilettes sèches qui se présentent sous la forme d’une cuvette surélevée au-dessus d’un seau dans lequel on recouvre les déjections de sciure de bois sans utiliser d’eau. Ensuite, les seaux sont vidés dans le compost pour que le fumier fertilise le potager. Cela permet d’économiser l’eau et l’énergie utilisées lors de l’utilisation de la chasse d’eau et par la station d’épuration et de favoriser la circularité.
Les cloisons de la salle de bain sont faites en petites tiges de bois qui servent de support aux meules de fromage, également du matériel de récupération.
La pédo-épuration dans les yeux de Tekiyath
La pédo-épuration est un dispositif mis en place dans les douches et l’évier de la cuisine pour récupérer l’eau utilisée. Quand elle coule, l’eau passe dans des seaux percés, remplis de paille.
Au-dessus de cette terre on met un mulching (paillage généralement issu du broyage de paille ou de bois) afin d’éviter la transpiration du sol et pour que tout s’infiltre bien. On couvre aussi le sol pour éviter qu’il y ait un petit bassin d’eau stagnante pouvant attirer des moustiques. Certaines plantes spécifiques des sols riches et humides en profitent. Idéalement, il ne faudrait utiliser que des produits de douche et de nettoyage naturels/bio.
Le compost
Le compost est obtenu à partir de déchets du jardin et de la maison (résidus de végétaux consommés ou cultivés sur place et défections). Ce compost produit dans 3 bacs sur l’écolieu permet de faire du terreau gratuit et local pour cultiver ses légumes!
3. Économie circulaire, économie d’énergie voire autosuffisance!
Les ruches
Malgré les difficultés à mettre en place une apiculture naturelle, mise en danger au fil des années par les pesticides et un écosystème peu favorable, Franck et Emilie ont choisi de tester une installation reposant sur 5 ruches kényanes. Ces dernières ont la particularité de ne pas disposer de cadres alvéolés imposant une forme pour la construction. Les abeilles peuvent donc faire leur propre organisation pour la production de miel et de cire..
Le potager
L’objectif est de rendre le potager le plus productif possible dans un espace restreint. On voit dans ce potager des jeunes arbres, plantés l’an dernier, qui vont grandir et faire de l’ombre au potager. Des vignes vont grimper sur les arbres.
On peut également trouver des courges, des tomates, des œillets d’inde, des salades, des pommes de terre dont les Cultiv’Acteurs ont d’ailleurs participé à la récolte!
Gestion et usage de l’eau sur les cultures
- Les plantes cultivées ont besoin d’apports en eau pour assurer leur développement et leur maturation.
- Le paillage, technique utilisée dans le jardin des Illuminés, permet de retenir l’eau dans le sol et donc de réduire l’arrosage des cultures.
- Pour les besoins en eau restants, on peut recourir à l’eau de pluie du toit collectée dans une dizaine de cuves. Les pompes sont alimentées par les panneaux solaires.
- Objectif d’ici quelques années : arroser le moins possible de façon à sélectionner les individus les plus résistants à la sécheresse et faire des semences reproductibles résistantes!
Le four solaire dans les yeux d’Alioune
Le four solaire chauffe grâce à l’énergie solaire. Il doit être correctement orienté par rapport au soleil. Il faut le laisser pendant toute une matinée avant qu’il soit chaud. L’avantage ? une cuisson lente à basse température donc très bien pour les plats mijotés !
L’autonomie électrique dans les yeux d’Alicia
Pour la petite histoire :
Le site n’est pas relié à EDF, il dépend uniquement des panneaux solaires. Les panneaux sont orientables, ils sont montés sur un châssis et ont deux positions, été et hiver. Cela permet d’être bien en face du soleil et de produire un maximum d’électricité. Les panneaux solaires ont été dimensionnés pour l’éco-hameau complet, c’est-à-dire pour les 3 habitations qu’il y aura à terme et les parties communes.
Franck et Emilie ont également conçu une salle de transformateur avec des batteries. Quand il n’y a plus de soleil, les batteries permettent d’avoir une autonomie d’environ 2,5 jours sans soleil. On peut donc soit utiliser l’énergie solaire directement dans les circuits, soit la stocker dans des batteries pour les jours sans soleil, la nuit…
Un ondulateur permet de changer le courant (continu la nuit, alternatif le jour) pour optimiser et économiser au maximum l’énergie. Devant la salle de transformateur où les batteries sont chargées par les panneaux, Franck a installé une sorte de compteur et disjoncteur où il choisit les appareils alimentés ainsi qu’un indicateur de charge pour surveiller les batteries.
Le transformateur ne permet d’utiliser que des appareils de moins de 3000W. Pour une puissance supérieure, il faudrait coupler l’énergie solaire avec un groupe électrogène. Mais même les soudeurs qu’ils utilisent et qui sont puissants ne dépassent pas les 3kW. Dans les usages quotidiens, c’est la machine à laver qui utilise le plus de courant . A l’avenir, pourquoi ne pas faire une machine low-tech, avec un ancien pédalier de vélo par exemple!
Se pose également la question de l’autonomie en eau. Actuellement, ils sont obligés de se raccorder à l’eau du réseau pour avoir un permis de construire.
La conclusion de Maïmouna
4. Les leçons à retenir
Pour ses activités :
- Réfléchir à la complémentarité des espaces et des ressources (circularité, favoriser le local, recycler et réparer avant d’acheter…)
- Produire de l’énergie et en consommer un minimum
- Tester, rater, recommencer !
Avec les autres :
- Partager l’espace (et les sanitaires !)
- Etre en mesure d’accueillir, expliquer ses techniques, pour recevoir de l’aide en retour